Je me suis faite minuscule, infime, insignifiante. Je ne voulais qu’à peine tu me remarques. Ritournelles au vent, brouhaha de feuilles, un peu de sang qui soupire d’avoir embrassé une épine. Je voulais être inutile, sans substance, que tu me notes à peine. Un grain de pastel dans la marge d’un cahier vierge.
Ainsi libre, j’espérais pouvoir me glisser dans les sentiers de ta chair, tu n’en saurais rien. Parcheminer les détours de tes os, escalader sans bruit le saillant de tes côtes, aller m’endormir entre tes muscles, nager dans tes veines. À peine plus te chatouiller, à califourchon sur un pollen, te faire éternuer une pensée aussitôt oubliée.
Je voulais te peindre sur les lèvres des théâtres éphémères, que ta langue en soit le rideau épais, opaque, tenture rouge d’une représentation qui ne saurait prendre fin, pas même quand Éternité prendrait retraite.
Attacher tes cils, enlacés comme des amants épuisés, que tu ne me vois pas danser sur tes joues des rituels, des sabbats, des transes extatiques.
L’espace m’a regardé avec sévérité. Je n’ai pas rougi. Le temps a tiré sur son infinie lanière de cuir. Je n’ai pas bougé.
Pour toi, je veux bien briser quelques interdits. Des carreaux de porcelaines sous mes pieds nus, un peu de boue, de larmes et la liqueur de mes reins.
Je m’étais faite minuscule, pourtant ton regard ne m’a jamais quitté.
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